Pourquoi les médicaments génériques coûtent moins chers aux patients et aux assureurs

Florent Delcourt

12 nov. 2025

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Si vous avez déjà reçu une ordonnance pour un médicament générique, vous avez probablement remarqué la différence de prix. Un traitement qui coûte 300 € en version de marque peut tomber à 15 € en générique. Ce n’est pas un hasard. C’est le résultat d’un système conçu pour faire baisser les coûts sans sacrifier la qualité. Et ce système fonctionne - très bien.

Le même médicament, un prix bien plus bas

Un médicament générique contient exactement la même substance active, à la même dose, sous la même forme (comprimé, sirop, injection), et agit de la même manière que le médicament de marque. L’Agence européenne des médicaments et la FDA aux États-Unis exigent qu’il soit bioéquivalent : il doit être absorbé par le corps à la même vitesse et dans la même proportion. Pas de triche. Pas de compromis sur l’efficacité.

Alors pourquoi le prix est-il jusqu’à 85 % plus bas ? La réponse est simple : les fabricants de génériques n’ont pas à refaire les coûteux essais cliniques. Ils n’ont pas à payer pour la recherche initiale, le développement, les campagnes publicitaires ou les brevets. Ils se contentent de prouver qu’ils reproduisent fidèlement le médicament original. Cela réduit drastiquement les coûts de production.

En 2022, les médicaments génériques ont permis aux États-Unis d’économiser 408 milliards de dollars - une somme supérieure au PIB de la Suisse. En France, les génériques représentent plus de 60 % des prescriptions remboursées, mais seulement 10 % du budget médicaments. C’est la même logique partout : plus de médicaments génériques, moins d’argent dépensé.

La concurrence fait chuter les prix

Le vrai moteur de la baisse des prix, ce n’est pas la simple existence des génériques. C’est la concurrence entre plusieurs fabricants. Dès qu’un seul générique arrive sur le marché, le prix chute de 30 à 50 %. Quand deux ou trois fabricants se lancent, il tombe à 15-20 % du prix de la marque. Et si dix entreprises vendent le même médicament ? Le prix peut plonger à moins de 5 %.

Prenez l’exemple de l’lurasidone, un traitement contre la schizophrénie. En version de marque, un traitement mensuel coûtait environ 1 400 €. Quand les génériques sont arrivés, ce prix est tombé à moins de 60 €. Même chose pour le pémétrexède, un traitement contre le cancer du poumon : de 3 800 € à 500 €. Ces chiffres ne sont pas exceptionnels. Ils sont la norme.

Les données de la FDA montrent que dans les marchés où il y a au moins trois fabricants de génériques, les prix continuent de baisser pendant trois ans. Plus il y a de concurrents, plus les prix descendent. C’est l’économie de base : offre élevée, demande stable = prix bas.

Les patients paient moins, les assureurs aussi

Les économies ne concernent pas seulement les patients. Les assurances maladie, les caisses de retraite, les systèmes publics - tous bénéficient. En 2023, le montant moyen d’une franchise pour un générique était de 6,16 €. Pour un médicament de marque, c’était 56,12 €. Neuf fois plus. Et 93 % des génériques sont dispensés pour moins de 20 €. Seulement 59 % des médicaments de marque le sont.

Les patients avec des plans à franchises élevées en profitent particulièrement. Sur Reddit, une enquête de 2023 montre que 78 % des répondants ont payé moins cher en achetant les génériques en cash, sans passer par leur assurance. Pourquoi ? Parce que les assureurs ne négocient pas toujours les meilleurs prix. Parfois, ils paient plus que ce que le pharmacien facture en direct.

C’est là que des outils comme GoodRx ou SingleCare deviennent essentiels. Ils permettent de comparer les prix entre pharmacies en quelques clics. Une étude dans le Journal of the American Medical Association a montré que les patients chroniques qui prenaient 5 minutes pour comparer les prix économisaient en moyenne 287 € par an. C’est comme gagner un salaire mensuel supplémentaire chaque année.

Patient tenant un petit flacon de générique à 4€ face à des boîtes de médicaments de marque qui explosent en confettis.

Attention aux génériques chers

Mais attention : tous les génériques ne sont pas égaux. Certains sont presque aussi chers que les marques. Pourquoi ? Parce que les gestionnaires de prestations pharmaceutiques (PBMs) parfois préfèrent les génériques plus chers. Comment ? Par une pratique appelée « spread pricing » : ils négocient un prix bas avec le fabricant, mais facturent à l’assureur un prix plus élevé. La différence, c’est leur profit.

Une étude publiée dans JAMA Network Open en 2022 a identifié 45 génériques qui coûtaient 15 fois plus que d’autres génériques équivalents. Dans un seul État américain, remplacer ces génériques chers par les moins chers aurait fait économiser 6,6 millions d’euros. Ce n’est pas une erreur. C’est un système corrompu.

Les patients ne le savent pas. Ils pensent qu’ils prennent un générique, donc ils économisent. Mais si leur assurance choisit le générique le plus cher, ils paient plus. Et l’assureur aussi. C’est un piège invisible.

Comment bien utiliser les génériques ?

Voici comment maximiser vos économies :

  1. Demandez à votre médecin d’écrire « substitution autorisée » sur l’ordonnance. Cela permet au pharmacien de vous donner le générique le moins cher disponible.
  2. Comparez les prix avec GoodRx, SingleCare ou votre pharmacie locale. Un générique peut coûter 15 € chez le pharmacien du coin et 4 € en ligne.
  3. Pour les traitements chroniques (hypertension, diabète, dépression), envisagez les commandes par courrier. Elles sont souvent plus économiques.
  4. Ne supposez pas que votre assurance vous donne toujours le meilleur prix. Vérifiez toujours en cash.
  5. Si vous êtes sans couverture, des plateformes comme Mark Cuban Cost Plus Drug Company peuvent proposer des génériques à des prix fixes et transparents - parfois jusqu’à 70 % moins chers.

Les personnes âgées ou peu à l’aise avec les outils numériques ont besoin d’aide. Un proche, un pharmacien, ou un travailleur social peut les aider en quelques minutes. Le gain est immédiat.

Groupe de personnes tenant des flacons génériques lumineux, une balance indique des économies vers un coeur-piggy bank.

Les défis qui persistent

Malgré tout ce progrès, des problèmes subsistent. Certains génériques sont en pénurie. La FDA a identifié plus de 200 médicaments génériques à risque de rupture de stock. Quand il n’y a plus qu’un seul fabricant, les prix remontent. C’est ce qui s’est passé avec l’insuline ou certains antibiotiques.

De plus, les grandes entreprises de médicaments de marque utilisent des stratégies pour retarder l’arrivée des génériques : brevets secondaires, accords de « pay-for-delay » (payer un générique pour ne pas le lancer), ou des modifications mineures du produit pour prolonger leur monopole. Ces pratiques sont sous investigation par le Département de la Justice aux États-Unis, et en Europe, les autorités commencent à les surveiller de plus près.

Et puis il y a les biosimilaires - des versions de médicaments biologiques (comme ceux contre le cancer ou la sclérose en plaques). Ils sont plus complexes à produire, mais dès 2023, ils commencent à arriver sur le marché. Les économies attendues d’ici 2027 : 15 milliards d’euros.

Le message final : les génériques sont l’arme la plus puissante contre les prix exorbitants

Les médicaments génériques ne sont pas une alternative. Ce sont la norme. Ils sont aussi sûrs, aussi efficaces, et bien plus abordables. Leur seul défaut ? On les sous-utilise. Beaucoup de patients demandent encore la marque par habitude, par peur, ou parce qu’on ne leur a pas expliqué la différence.

Chaque fois que vous acceptez un générique, vous économisez de l’argent - pour vous, pour votre assurance, pour le système de santé. Et vous n’avez rien perdu en qualité. C’est l’un des rares cas où la bonne décision est aussi la plus économique.

La prochaine fois que vous recevez une ordonnance, demandez : « Est-ce qu’il y a un générique ? » Et si la réponse est oui, vérifiez le prix. C’est peut-être la seule chose que vous pouvez faire aujourd’hui pour réduire vos dépenses de santé - et c’est une action simple, efficace, et totalement légitime.

Les médicaments génériques sont-ils aussi efficaces que les marques ?

Oui. Les autorités sanitaires comme la FDA et l’EMA exigent que les génériques soient bioéquivalents : ils doivent avoir la même substance active, la même dose, la même forme, et produire les mêmes effets dans le corps. Des milliards de patients les prennent chaque année sans différence de résultat clinique.

Pourquoi mon assurance ne couvre-t-elle pas toujours le générique le moins cher ?

Parce que certains gestionnaires de prestations pharmaceutiques (PBMs) préfèrent les génériques plus chers pour gagner de l’argent sur la différence entre le prix qu’ils paient au fabricant et celui qu’ils facturent à l’assureur. C’est ce qu’on appelle le « spread pricing ». C’est une pratique problématique, mais elle existe encore.

Puis-je acheter un générique en ligne pour moins cher ?

Oui, mais avec précaution. Des sites comme GoodRx permettent de comparer les prix des pharmacies locales et en ligne. Certains sites fiables comme Mark Cuban Cost Plus Drug Company vendent des génériques à prix fixe, souvent 60 à 70 % moins chers. Évitez les sites non vérifiés : certains vendent des contrefaçons.

Les génériques sont-ils disponibles pour tous les médicaments ?

Non. Les médicaments sous brevet ne peuvent pas avoir de générique tant que le brevet n’est pas expiré (généralement 20 ans après le dépôt). Mais une fois le brevet expiré, des génériques apparaissent généralement en quelques mois. Les médicaments biologiques (comme les traitements contre le cancer) sont plus complexes : leurs versions génériques, appelées biosimilaires, arrivent plus lentement.

Quels sont les médicaments où les économies sont les plus importantes avec les génériques ?

Les plus grandes économies sont sur les traitements chroniques : hypertension (économie moyenne de 58 %), dépression (67 %), diabète, cholestérol et troubles du sommeil. Pour les médicaments comme le Viagra ou le Cialis, des génériques sont disponibles à moins de 18 € le mois, contre plus de 100 € en marque.