
On ne pense pas toujours à la thyroïde quand on a du mal à respirer ou qu’on se sent essoufflé. Pourtant, cette petite glande au creux du cou pilote beaucoup plus de choses que l’on croit, et les poumons n’y échappent pas. L’hyperthyroïdie, c’est-à-dire un excès d’hormones thyroïdiennes, a une façon bien à elle de chambouler notre souffle. Des gens se retrouvent avec des palpitations, un air trop court à la moindre montée d’escaliers, sans jamais penser à blâmer cette thyroïde survoltée. Ce n’est pas si rare. Ce qui est fou, c’est à quel point ce déséquilibre hormonal peut bousculer tout le système respiratoire, parfois même avant qu’on comprenne d’où ça vient. Vous risquez d’être surpris par certaines manifestations et surtout par leur logique. On est loin d’un simple problème de métabolisme !
Quand la thyroïde s’enflamme : l’hyperthyroïdie expliquée simplement
L’hyperthyroïdie, ce n’est pas juste avoir trop d’énergie ou perdre du poids sans raison. C’est le corps qui s’emballe en mode turbo, et c’est la thyroïde, à la base du cou, qui appuie sur l’accélérateur. Cette glande sécrète normalement deux hormones, la T3 (triiodothyronine) et la T4 (thyroxine), qui boostent le rythme de presque tous les organes. Mais quand il y en a trop, le cœur bat à toute vitesse, on transpire beaucoup, on dort mal, on devient irritable, et… on respire parfois comme après le jogging sans même bouger.
La cause la plus connue, c’est la maladie de Basedow, une maladie auto-immune qui pousse la thyroïde à produire trop d’hormones. Mais certaines personnes prennent aussi plus d’hormones de substitution qu’il ne faut, ou développent des nodules toxiques qui s’emballent tout seuls. Dans tous les cas, le résultat est le même : le métabolisme s’accélère, le cœur aussi, et les poumons n’aiment pas du tout ça. C’est là que les symptômes respiratoires débarquent, parfois de façon très sournoise.
Il existe même un lien direct entre la quantité excessive d’hormones thyroïdiennes et la façon dont le cerveau contrôle la respiration. Ce n’est pas juste mécanique, c’est aussi neurologique. À lire certains témoignages de patients, l’essoufflement devient tellement gênant qu’ils consultent un cardiologue ou un pneumologue avant même d’envisager la thyroïde. Drôle d’idée, non ? Pourtant, ce circuit médical est quasiment classique tant le tableau est trompeur.
Comment l’hyperthyroïdie souffle sur les poumons
C’est un phénomène peu connu du grand public : l’hyperthyroïdie peut occasionner un essoufflement au repos ou à l’effort, mais pas seulement à cause du cœur qui s’accélère. En fait, les excès d’hormones thyroïdiennes accélèrent le métabolisme cellulaire. Résultat : le corps consomme davantage d’oxygène. C’est comme si on tournait perpétuellement en régime sport.
Le muscle principal qui permet de respirer, le diaphragme, n’est pas épargné. Des études françaises de 2017 réalisées sur des patients à l’hôpital Bichat à Paris ont montré que l’hyperthyroïdie provoque une fonte musculaire, y compris du diaphragme. Cela rend la respiration moins efficace. Certains malades développent une faiblesse musculaire générale, avec des difficultés à inspirer profondément ou à expirer à fond. À terme, ça peut expliquer cette sensation de « souffle court » qu’aucun exercice de relaxation ne fait passer.
Plus fort encore : le rythme respiratoire accélère tout seul. Ce n’est pas seulement le sentiment d’être essoufflé, c’est vraiment le cerveau qui module la fréquence de la respiration sous l’effet de la T3. Certaines personnes en hyperthyroïdie respirent naturellement plus vite, même au repos. C’est subtil, mais si on s’amuse à compter leur rythme, on note la différence. Du coup, c’est une vraie fausse « crise d’anxiété » qui s’installe, sauf que la source vient de la biologie de la thyroïde.

Symptômes pulmonaires : à quoi faut-il faire attention ?
On croit souvent que l’hyperthyroïdie ne bouscule que les émotions ou le poids. Faux ! Les poumons en prennent parfois pour leur grade, et les signaux ne sont pas toujours évidents. Voici les manifestations à surveiller, sans tomber dans la parano, mais avec un œil attentif :
- Essoufflement à l’effort ou même au repos, qui ne s’explique pas par le manque de sport.
- Troubles du sommeil liés à une respiration rapide, ou réveils nocturnes avec sensation de manque d’air.
- Sensation de souffle court ou difficulté à inspirer profondément, surtout après un effort ou une émotion forte.
- Palpitations, qui s’accompagnent parfois d’une oppression thoracique confondue avec un problème cardiaque.
- Faiblesse musculaire généralisée, parfois jusqu’à gêner la marche ou la montée d’escaliers.
- Crises de toux sèche, plutôt nocturnes, et rarement attribuées à la thyroïde.
- Apparition de bronchospasmes, surtout chez les personnes qui ont déjà de l’asthme ou des allergies.
Un détail important : chez certaines femmes, les troubles de la respiration sont plus marqués que chez les hommes pendant les pics d’hormones. Les enfants aussi peuvent ressentir une fatigue respiratoire, mais ils ont plus de mal à l’exprimer. Pas mal d’adolescents consultent pour un « essoufflement à la gym » sans que personne ne pense de suite à tester la thyroïde.
Les personnes âgées payent aussi un lourd tribut, car la faiblesse musculaire s’installe plus vite. Les symptômes sont parfois confondus avec une maladie pulmonaire chronique ou un vieillissement banal, alors que c’est l’hyperthyroïdie qui bouscule le système respiratoire. Pas évident à dépister, mais capital à connaître, car il y a des solutions.
Les complications sérieuses sur la santé respiratoire
Dans la majorité des cas, l’essoufflement lié à l’hyperthyroïdie reste réversible, mais il ne faut pas négliger les complications possibles, surtout si le diagnostic tarde à arriver. Les dangers principaux ? Une aggravation de l’insuffisance respiratoire chez ceux qui ont déjà des problèmes pulmonaires ou cardiaques, mais aussi une forme rare : la myopathie thyrotoxique grave. Là, le diaphragme devient tellement faible qu’il n’assure plus une respiration correcte, entraînant des hospitalisations, parfois en urgence.
Un fait marquant observé dans plusieurs centres médicaux européens ces dix dernières années : l’association entre hyperthyroïdie et apnées du sommeil. Les hormones thyroïdiennes contribuent à modifier le tonus musculaire du pharynx, ce qui favorise l’apparition des pauses respiratoires nocturnes. Les gens croient avoir juste un mauvais sommeil, mais derrière, la thyroïde tourne à plein régime et dérègle la mécanique du souffle.
Il arrive que l’hyperthyroïdie accélère le développement d’asthme chez certaines personnes prédisposées. On ignore encore exactement pourquoi, mais il semble que la surproduction d’hormones rend les bronches plus réactives. Dans ces cas-là, la gestion du souffle se complique, même avec un traitement antiasthmatique classique. D’où l’importance de penser à la thyroïde quand un asthme s’aggrave soudainement sans raison.
Autre donnée importante : l’hyperthyroïdie augmente la demande en oxygène du myocarde (muscle du cœur). Si le cœur est fatigué, à cause de l’âge ou d’une maladie sous-jacente, il pompe moins efficacement, et les poumons peuvent se surcharger en liquide, entraînant de l’œdème pulmonaire dans les cas extrêmes. C’est pour ça que les médecins insistent pour traiter très vite toute hyperthyroïdie dès le diagnostic.

Des astuces concrètes pour mieux respirer avec une hyperthyroïdie
La bonne nouvelle, c’est qu’on peut adopter des gestes simples pour limiter l’impact de l’hyperthyroïdie sur la respiration, en attendant ou en complément d’un traitement médical adapté. Voici différents conseils pratiques à essayer :
- Surveillez votre souffle. Notez dans un carnet les moments d’essoufflement, leurs circonstances (stress, effort, chaleur), la fréquence et la durée. Ça aide à mieux cibler ce qui déclenche les symptômes.
- Ne négligez pas les signaux faibles. Même si ça paraît bénin, si vous remarquez une gêne respiratoire inhabituelle qui dure, parlez-en à votre médecin et demandez un simple dosage des hormones thyroïdiennes.
- En cas de faiblesse musculaire, pratiquez des exercices de respiration profonde, comme la cohérence cardiaque ou le yoga doux. Ces méthodes aident à renforcer le diaphragme et atténuer la sensation de souffle court.
- Évitez les excitants comme le café ou le tabac, qui aggravent la sensation de nervosité et l’accélération du souffle.
- Veillez à bien ventiler votre intérieur, surtout en cas de canicule ou de pic de pollution : un air plus sain réduit la fatigue respiratoire.
- Limitez les efforts physiques intenses tant que l’hyperthyroïdie n’est pas bien contrôlée. Préférez la marche lente, les étirements et l’activité douce, puis augmentez progressivement.
- Envisagez d’associer une prise en charge nutritionnelle à base de protéines maigres (volaille, poisson, œufs), car une carence en protéines accentue la fonte musculaire liée à l’hyperthyroïdie.
- N’hésitez pas à demander un avis spécialisé si l’essoufflement devient vraiment handicapant : les pneumologues et les endocrinologues travaillent main dans la main sur ce genre de soucis.
- Gardez en tête qu’un traitement adapté de l’hyperthyroïdie (antithyroïdiens, iode radioactif ou chirurgie selon les cas) règle très souvent les désordres respiratoires après quelques semaines à quelques mois.
Le plus important ? Ne pas banaliser un nouveau symptôme respiratoire quand on sait que la thyroïde peut s’emballer, même si l’on a déjà un traitement. Les doses ne sont jamais figées à vie : ajuster le traitement, c’est aussi préserver sa santé pulmonaire. La clé reste l’écoute attentive de son corps, et un suivi médical régulier pour garder tout ce petit monde, poumons et thyroïde, au diapason.
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